Les interviews du Site :
Gino Sandri, Secrétaire du
Prieuré de Sion |
Septembre 2003
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C'est au cours de l'été
2003 que nous avons rencontré, pour la première fois, Monsieur Gino Sandri.
L'idée de cette rencontre nous est venue suite à la lettre diffusée, sur
plusieurs supports, du Prieuré de Sion fin de l'année 2002. Quelques mois
après cette prise de décision, les premiers contacts furent établis. Très
rapidement, Monsieur Sandri accepta l'idée d'un interview destiné à être
publié sur le Site " Rennes-Le-Château - Le Dossier ! ". Monsieur Gino
Sandri est membre du Prieuré de Sion depuis de nombreuses années. Très
proche de Pierre Plantard, il fait parti du cercle très fermé des dirigeants
du Prieuré de Sion. Comme vous allez pouvoir le lire, Monsieur Sandri a
répondu à l'ensemble de nos questions en y apportant les éléments à leur
compréhension. L'ensemble des réponses de Monsieur Sandri sont rapportées "
In extenso ".
Toutefois, les éléments, arguments et
sous-entendus de ses réponses n'engagent que lui.
Jean-Patrick Pourtal (JPP)
:
M. Sandri, depuis combien de temps êtes vous membre du
Prieuré de Sion, et comment y êtes vous entré ?
Gino Sandri (GS) :
J'y ai été reçu en 1977, recommandé par Pierre Plantard de Saint-Clair.
JPP :
Vous avez longtemps été proche de M. Plantard. Vous l'avez connu lorsqu'il
était Grand Maître du Prieuré de Sion. Quels étaient les objectifs de M.
Plantard pour le Prieuré de Sion lorsqu'il le dirigeait ?
GS : Le fond est
constant et immuable, lié à la tradition primordiale, toutefois, les formes
extérieures peuvent varier. SION, en l'occurrence, signifie rameau ou
origine. Il appartient à ceux qui ont reçu la charge de diriger d'agir au
mieux compte tenu des contingences du moment. Il faut aussi préciser que si
l'ORDRE a souvent compté en son sein des personnages influents qui en font
le CIRCUIT idéal pour certains intérêts, ses objectifs ne sont ni politiques
ni financiers
JPP :
Monsieur Plantard a été le
documentaliste de M. De Sède pour plusieurs ouvrages de cet auteur. Comment
s'organisait cette collaboration ?
GS :
Vers 1960, à l'occasion de l'affaire de Gisors, Gérard de Sède, qui a
fortuitement rencontré Roger Lhomoy, publie un article retentissant dans un
hebdomadaire à grand tirage. Cela lui vaut d'entrer en contact avec Pierre
Plantard de Saint-Clair. Ce premier rendez-vous à Aulnay-sous-Bois, 116,
avenue Pierre Jouhet, sera suivi de bien d'autres...
Gérard de
Sède reçoit alors en dépôt un dossier qui fournit la matière de ses deux
livres: " Les Templiers sont parmi nous " et " L'or de Rennes ". Selon le
contrat signé avec les éditions Julliard, les droits se répartissent entre
Gérard de Sède pour 35% et Pierre Plantard de Saint Clair pour 65%.
Gérard de
Sède achève la rédaction de son deuxième livre et se rend dans l'Aude, ce
qui lui donne l'occasion de prendre des contacts. En particulier, il fait la
connaissance de René Descadeillas qui publie lui aussi un ouvrage sur
Rennes-Le-Château. Je précise que ce dernier était en rapport avec Pierre
Plantard de Saint-Clair depuis plusieurs années.
Longtemps
enthousiaste et passionné, Gérard de Sède met fin à cette association et
travaille avec de jeunes collaborateurs comme un professeur parisien ou
encore Jean- Luc Chaumeil avec lequel il rédige un livre intitulé "La clef
de deux énigmes ". Je crois me souvenir que Jean-Luc Chaumeil est l'auteur
du scoop qui vise à publier en exclusivité les photographies du trésor de
Rennes-Le-Château conservé en Suisse. Mais il s'agissait du trésor de
Pétroassa exposé à Paris quelques années plus tôt. Ce livre ne paraîtra pas
et les deux co-auteurs en sortiront fâchés !
JPP :
Par la suite, M. Plantard a été très impliqué dans le travail des auteurs
Anglais de " L'Enigme Sacrée ". Sa collaboration à conduit ces auteurs à
orienter l'ensemble de leurs travaux autour de l'histoire du Prieuré de
Sion. L'objectif était-il de dévoiler le Prieuré de Sion au grand public et
si oui dans quel but ?
GS : D'une manière
générale, le Prieuré de Sion ne vise pas le grand public mais il faut agir
dans le siècle de façon subtile. Il y a donc alternance de périodes pendant
lesquelles il est beaucoup question du Prieuré de Sion et d'autres où l'on
en parle moins.
Pour répondre précisément à votre question, en 1955, Pierre Plantard de
Saint-Clair, face à une situation tendue, aux convoitises de toutes sortes,
a décidé de détourner l'attention en montant ce que nous avons parfois
appelé une intoxication selon un plan minutieusement élaboré. Je peux vous
citer une anecdote. En 1977, alors que nous mettions la dernière main à
l'ouvrage paru sous le titre: " Le trésor du Triangle d'Or ", je
m'entretenais avec lui des brochures diffusées sous divers pseudonymes
(Lobineau, Blancassal...) et attribuées à l'Alpina. Lui confiant mon
sentiment, il me répondit du tac au tac: "C'est exactement cela, vous
comprenez, en 1956, on a cherché à m'attaquer, alors j'ai riposté en lançant
l'affaire de Rennes-le-Château ! " Il faut dire que tout le monde y trouvait
son compte, y compris Monsieur Corbu qui y créait un hôtel-restaurant.
La nasse dans laquelle tout le monde devait se rassembler était mise en
place. Avouez que c'est réussi.
JPP : Une grande partie
des travaux de Gérard de Sède et des Anglais se sont basés sur les copies
des parchemins qu'aurait trouvé Saunière à Rennes-Le-Château. Or nous savons
que ces parchemins ont été réalisés par M. De Cherisey. Pourquoi cette piste
a-t-elle été lancée en pâture aux différents auteurs de Rennes-Le-Château ?
GS
:
L'abbé Saunière a bien découvert des parchemins dans l'église
Sainte Madeleine de Rennes-le-Château, leur contenu n'a rien à voir avec les
papiers publiés çà et là. Il en est de même pour ceux qu'il a exhumés par la
suite. La trame du roman de Gérard de Sède est astucieuse. Tout commence en
1888 par la découverte de mystérieux parchemins cryptés et c'est le
décryptage dont la clef est gravée sur une tombe qui donne accès au trésor.
Cela ne vous rappelle rien? Quant aux célèbres documents publiés et analysés
par Gérard de Sède (et par d'autres...), leur apparition s'inscrit dans le
contexte que je viens brièvement d'exposer. Ils n'étaient pas destinés au
grand public, pas plus que les célèbres brochures. Ces papiers servaient de
support à un échange de messages codés entre des réseaux en action, voire en
compétition. Ils n'ont rien à voir avec un trésor de quelque nature qu'il
soit. Or ailleurs, les textes authentiques sont en fait gravés dans la
pierre.
JPP :
M. De Cherisey et M. Plantard étaient des amis de longue
date. Peut-on croire que la rédaction des parchemins soit un pur produit de
leurs imaginations ou peut-on penser qu'ils se soient inspirés de documents
existants ?
GS : Pardonnez-moi de
me répéter, la rédaction de ces parchemins répondait à l'époque à un but
précis. Là encore, il s'agissait de détourner l'attention afin de protéger
d'autres documents. Comme vous le savez, à partir de 1956, une série de
publications diffusées sous divers pseudonymes est mise en circulation. Nous
sommes en présence d'une véritable campagne qui vise un personnage ou une
société qui agit dans le domaine de l'occulte. Cet échange ne concerne qu'un
cercle restreint. Quarante années après, ces documents sont devenus sans
intérêt si ce n'est qu'historique. Il est pour le moins amusant de relever
qu'une " officine " installée à l'époque à Rennes-le-Château produit
quantité de documents de facture identique ainsi que des papiers ou
correspondance attribués à l'abbé Boudet ou à l'abbé Bigou. Ces écrits font
alors l'objet d'un commerce juteux qui, paraît-il, s'est poursuivi.
Malheureusement, des auteurs impliqués dans l'histoire de Rennes sont
victimes de cette escroquerie dans laquelle le Prieuré de Sion n'a aucune
part et n'en tire aucun bénéfice.
JPP :
Pendant longtemps M. Plantard a soutenu le fait qu'il était le descendant
des derniers Mérovingiens. Pourquoi, par la suite, a-t-il soutenu le
contraire ?
GS :
Il y a là une clef qui peut éclairer bien des points. Cette histoire n'est
pas à prendre au pied de la lettre mais elle a séduit Gérard de Sède,
fasciné par la noblesse et qui base tout son roman " La race fabuleuse " sur
ce thème et sur le mythe prégnant du roi caché. Il saisit l'opportunité de
mettre en scène un mystérieux " marquis de B " dont il reçoit les
confidences. Le jeu prend alors de l'ampleur puisque ce marquis de B
entretient une correspondance avec d'innombrables "chercheurs" utilisant
pour ce faire un beau papier à lettre orné d'un blason inconnu! Qui se cache
derrière cet énigmatique aristocrate qui dispose de multiples relais dans le
Razès ?
Notre
enquête a permis d'établir qu'il existait un lien entre ce "marquis de B "
et l'auteur de la brochure intitulée: "Un trésor mérovingien à Rennes le
château ". Ce dernier, de nationalité belge, avait coutume, lors de ses
séjours parisiens, de descendre, sous le nom d'Antoine l'Ermite, à l'Hôtel
du Mont d'Or, 19 rue du Mont d'Or, Paris 17ème. Du 13 au 17 mai 1966, il y
occupe la chambre n°2 puis, du 8 au 19 juin de la même année, la chambre
n°1. Il dépose alors sa publication à la Bibliothèque Nationale, publication
qui reçoit la cote 8 Lj 9 9537.
Une autre
publication sert de référence à Gérard de Sède:" Les dossiers secrets
d'Henri Lobineau" par Philippe Toscan du Plantier. Selon Gérard de Sède, ce
nom est inconnu à cette adresse et Philippe Toscan du Plantier vit à Bodrun
en Turquie.
Le 11
avril 1967, la brigade des stupéfiants arrête ce jeune professeur de
philosophie pour détention de LSD au domicile de son amie Anne-Marie Rossi,
17 quai de Montebello à Paris. La police était bien renseignée! "Homme
honnête ", Philippe Toscan du Plantier ne dénonce pas "son" fournisseur. Les
grands quotidiens de l'époque rendent compte de ce fait divers. Gérard de
Sède était un fidèle lecteur de ces grands journaux parisiens et il ne
pouvait ignorer ce fait divers!
Il y a
maintenant un demi-siècle, vivait un curieux personnage qui se faisait
appeler Henri Lobineau ou "comte de Lénoncourt ". On pouvait le rencontrer à
Paris, où il habitait, à Gisors ou à Rennes le château où il avait établi le
quartier général d'une étrange officine. Ce discret personnage s'était
illustré pendant la seconde guerre mondiale. Il opérait en France occupée et
en Suisse pour le comte de Selborne, responsable du SOE. La guerre achevée,
il mène de front de multiples et discrètes activités, cherchant des trésors,
négociant des monnaies anciennes. Il était en relation avec Léo Schidlof,
antiquaire et historien de l'art résidant à Vienne. Léo Schidlof est
l'auteur du catalogue d'une grande exposition sur les miniatures anciennes à
Genève, en 1956. Si la curiosité vous y pousse, consultez quelques
exemplaires de ce catalogue trilingue; la version anglaise est loin d'être
la traduction du texte français, il en est de même pour la version
allemande! Monsieur N dit Henri Lobineau fréquentait un ingénieur parisien
habitant avenue Foch. D'ailleurs, cette même année, le superbe appartement
de l'avenue Foch est détruit par un incendie. Il n'y aura pas d'enquête.
Cette année 1967 est riche en fait divers. Faut-il parler de Fakar Ul Islam
trouvé mort en gare de Melun à la suite d'une chute malencontreuse du train
de nuit Paris-Genève ?
Encore un
fait divers si vous le voulez bien. Cette même année un opuscule "Le Serpent
Rouge ", fait l'objet du dépôt légal. Or, les trois auteurs mentionnés se
sont suicidés quasi simultanément. Le délire est contagieux ce qui a amené
certains auteurs un peu surmenés à affirmer que Pierre Plantard de
Saint-Clair et le Prieuré de Sion ont assassiné trois personnes par
pendaison!
Le contenu
de ces petits opuscules est certes délirant mais il y réside un fond parfois
intéressant. Alors, une dernière coïncidence: en cette année 1967, plusieurs
cartons d'archives du Prieuré de Sion sont dérobés, lors d'un cambriolage,
dans l'appartement de Philippe de Chérisey, situé 37, rue Saint-Lazare à
Paris. Y a-t-il un rapport entre tous ces faits? Cinq ans plus tard un
journaliste sans emploi maître chanteur à ses heures, tentera de vendre ces
papiers au plus offrant!
JPP :
En 2000, Monsieur Plantard décède.
Au moi de juin de cette même année, je suis directement contacté par son
fils, par e-mail qui m'annonce le décès de son père, survenu quelques jours
plutôt. Or après vérification, je découvre que le décès de M. Plantard est
survenu le 3 février 2000. Pourquoi une telle tentative de manipulation
autour de la mort du Grand Maître du Prieuré de Sion ?
GS : Ces dernières
années, le Prieuré de Sion en général Pierre Plantard de Saint-Clair en
particulier a dû faire face à une situation tendue. Nous avons connu une
recrudescence de libelles, de tracts anonymes, de menaces et de pressions de
tous ordres, mais ce n'est pas le plus grave. Pierre Plantard de Saint-Clair
ne souhaite pas finir comme Péladan ou Georges Monti victimes d'un
empoisonnement. Une stratégie a été élaborée et des dispositions ont été
prises. Je n'en dirai pas plus.
JPP :
Pour certains, la mort de M. Plantard serait fausse. Pour d'autres, M.
Plantard serait … ressuscité ! Que pensez-vous de tout cela ?
GS : A votre avis ?
JPP
: Revenons au
Prieuré de Sion. Que représente Rennes-Le-Château pour le Prieuré de Sion ?
GS :
Il existe d'autres
lieux selon les époques. Pourquoi ne parle-t-on jamais de Millau,
d'Annemasse de Montrevel ou du Brésil. Tout ceci s'ajuste dans l'espace et
le temps. En ce qui concerne Rennes-Le-Château, le Prieuré de Sion y établit
son siège en 1681. La Compagnie du Saint-Sacrement, fondée par Henri de
Lévis, est dissoute en 1665. Quelques lustres plus tard il existe toujours
des adeptes dans la région, adeptes qui rejoignent le Prieuré de Sion.
A
l'origine de ce choix nous trouvons Jean-Timoléon de Negri d'Ables assisté
de Blaise d'Hautpoul. Relevons également les noms des abbés André-Hercule de
Fleury et Jean-Pierre Cabanié. De nouvelles dispositions sont prises le 19
septembre 1730 par François d'Hautpoul et Jean-Paul de Nègre lui-même lié à
une survivance de la Compagnie du Saint-Sacrement.
Si nous
revenons aux archives du Prieuré de Sion ceci désigne des dépôts de natures
diverses des documents ou des objets dont certains sont fort anciens je
pense à certaines pierres gravées. La situation est très complexe. Durant la
révolution française entre 1789 et 1792 des dépôts " clandestins " sont
constitués afin de mettre des dossiers précieux et des actes authentiques à
l'abri des vandales. Pour la plupart tout a subsisté. En ce qui concerne le
Prieuré de Sion, certains de ces actes ont été confiés à Maximilien de
Lorraine, archevêque de Cologne. Au début du XIXème siècle, des pièces
restent entre les mains des Habsbourg qui, quelques décennies plus tard,
établissent des contacts avec les abbés Boudet et Saunière. Pourquoi? Il est
question d'échanges de documents.
Un autre
dépôt est constitué au château du Lys près de Lille. En 1938, Gabriel
Trarieux d'Egmont y est invité par le comte de Saint-Hilier, grand-oncle de
Philippe de Chérisey. En prévision de la guerre qui s'annonce, les archives,
confiées à Gabriel Trarieux d'Egmont sont déplacées à Monte-Carlo.
Parlons,
si vous le voulez bien, d'une affaire similaire. A la fin de la révolution
française, le Prieuré de Sion tente d'obtenir auprès d'Angélique Lenoir la
restitution de certains actes. Elle prétend alors avoir brûlé tous les
papiers sous la Terreur. Ceci est inexact car nous savons qu'elle en confia
une partie au comte d'Antraigues.
Pourquoi
ces précautions? Quel était le secret d'Angélique Lenoir? Pourquoi
prétend-elle avoir détruit tous les papiers, titres et manuscrits qu'elle a
reçu ? André Chénier et l'abbé Delille parlent de documents du Temple.
Mais,...de quel Temple s'agit-il ? L'Ordre du Temple ou le secret du Temple
à Paris ? Seul ce dernier pouvait avoir de l'intérêt aux yeux des Habsbourg.
Angélique
Lenoir était mariée à Jean-Marie Alexandre d'Hautpoul. En 1799, Elisabeth
d'Hautpoul dite Mademoiselle de Rennes reçoit sa famille au château de
Montferrand aux Bains de Rennes. Est notamment présent le général
d'Hautpoul. Cette réunion a pour but de confier les documents d'Angélique
Lenoir à la dernière demoiselle de Rennes. Celle-ci décède à Paris le 20 mai
1820.
Les
royalistes n'hésitèrent pas à croire que les parchemins d'Angélique Lenoir
touchaient à l'énigme de la survivance de Louis XVII. A ce jour, personne
n'a retrouvé les documents d'Angélique Lenoir, du moins ... à Rennes!
JPP :
Y a-t-il eu des relations entre Bérenger Saunière et le Prieuré de Sion ?
GS :
Qu'entendez-vous par relations? Si vous me demandez s'il y appartenait, la
réponse est négative. Bérenger Saunière était dans la place et il était
utilisé et manipulé par différents réseaux pour chercher certains dépôts. Je
vous précise que la recherche du trésor de l'abbé Saunière ne m'intéresse
pas. Pour ma part, je n'ai jamais creusé de trous dans la région et ne
compte pas le faire!
JPP :
Il est notable que Rennes-Le-Château attire de nombreux
groupements. De nombreuses Sociétés " Secrètes ", " Discrètes " semblent se
passionner pour ce lieu. Que pense le Prieuré de Sion de cela et est-il
également présent en ces lieux ?
GS : Le Prieuré de
Sion s'en réjouit. Cela les occupe. Plus il y a de fous, plus on s'amuse.
Comme le dit Pierre Plantard de Saint-Clair avec son humour coutumier, tout
se déroule selon le plan prévu, quarante ans après! Toujours sur le mode
humoristique, je crois qu'il y a bien un Prieuré de Sion en activité à
Rennes ou peut-être plusieurs, mais il s'agit des contrefaçons que nous
avons identifiées. A votre avis, pourquoi ne parle-t-on pas de lieux tout
aussi importants ?
JPP :
Pour certains, le Prieuré de Sion serait lié à la
Franc-Maçonnerie. Qu'en est-il ?
GS : La question
revient souvent. Je vais donc essayer de dissiper la confusion. Je sais que
certains voient le Prieuré de Sion comme une obédience maçonnique ou plus
exactement une structure de hauts grades. Il n'en est rien. C'est un système
de représentation qui leur est familier mais qui n'a aucun rapport avec la
réalité. D'où vient cette confusion? J'ai déjà évoqué les opuscules déposés
à la Bibliothèque Nationale mentionnant la Grande Loge Suisse Alpina comme
si l'on voulait aiguiller sur cette piste. Dans quel but? Mais, il arrive
que des structures maçonniques soient suscitées ou orientées par le Prieuré
de Sion pour servir de cercle extérieur ou de relais comme à Lyon en 1828
avec le rite de Memphis. Plus tard, ces structures sont livrées à leur
propre destin. Enfin, des membres de la franc-maçonnerie et non des moindres
ont fait partie du Prieuré de Sion. Je pense au docteur Savoire ou à Georges
Monti, très lié au duc de Conaught, Grand-Maître de la Grande Loge Unie
d'Angleterre mais, la franc- maçonnerie n'était pas leur priorité
JPP :
Au début de cette année, un document " officiel " du Prieuré de Sion a été
porté à la connaissance du grand public. Ce document portait votre signature
ainsi qu'une autre avec la mention G CHYREN. Il est annoncé que 2003 est une
année fatidique et que l'apogée du Prieuré de Sion sera atteint. Quelles
sont les particularités de 2003 pour le Prieuré de Sion ? A quel moment
devrait-il atteindre son apogée, sachant que nous sommes au mois d'octobre
2003 ?
GS : Il existe des
cycles qui déterminent des moments privilégiés, ce que l'on appelle dans
certains milieux des circuits. Ces instants remarquables sont propices aux
révélations. En ce qui concerne le Prieuré de Sion, tout est en ordre et
nous allons vers une nécessaire clarification. Les faux Prieurés vont
apparaître en pleine lumière ce qui favorisera leur implosion.
JPP :
Toujours dans le même document, il est clairement spécifié que la place de
la Femme est importante pour le Prieuré de Sion. En quoi consiste-t-elle ?
GS :
Sur un plan fondamental, c'est un point essentiel, malheureusement bien
occulté. La pluspart des sociétés initiatiques ne sont souvent que des
caricatures et la misogynie latente en est un signe. Sans pouvoir m'étendre
sur le sujet, je veux soumettre ceci à votre réflexion. Dans beaucoup de
rituels, l'impétrant est mis en présence de la mort et de la renaissance.
Mort et transfiguration! Or, dans la mythologie égyptienne, c'est Isis qui
est seule en mesure de rassembler les morceaux épars du corps d'Osiris.
Quoique l'on fasse, c'est incontournable.
JPP :
Pouvez-vous nous décrire et nous expliquer la structure du Prieuré de Sion
actuelle ?
GS : Il existe
traditionnellement plusieurs cercles, au moins deux, trois pour être exact,
ce qui donne parfois l'impression qu'il existe plusieurs structures, l'une
étant le décalque de l'autre.
JPP :
En cette fin d'année 2003, le Prieure de Sion de 2003 semble très différent
de celui que dirigeait M. Plantard. Pouvez-vous nous parler des ses
objectifs ?
GS : C'est évidemment
une impression et je vous en ai donné l'explication précédemment. Il n'y a
aucune différence, aucune rupture et soyez persuadé que l'influence de
Pierre Plantard est bien réelle. Quant à ses objectifs, ils ne sont ni
politiques ni financiers quelques soient les membres. L'affairisme n'y a pas
sa place. Le monde des arts et des lettres y occupe toujours une place
prépondérante.
JPP :
Le Prieuré de Sion est
dirigé par un Grand Maître. Pouvez-vous nous parler du Grand maître actuel
et pouvez-vous nous révéler son nom ?
GS : Je ne vous en
dirai pas plus aujourd'hui.
JPP :
Pour beaucoup de personnes, le Prieuré de Sion semble inexistant.
Recrutez-vous ? Et quelles sont les qualités nécessaires pour entrer au
Prieuré de Sion ?
GS : On ne postule
pas. On est soigneusement choisi après avoir été longuement étudié et
éprouvé en particulier, l'intégrité morale est essentielle. On n'accorde
aucune valeur aux titres et aux diplômes. Généralement, l'impétrant est un
cœur noble et pur n'appartenant à aucune structure. Péladan organisait les
salons de la Rose-Croix, Georges Monti était artiste-peintre; la mise en
circulation d'une œuvre d'art est un signal de reconnaissance destiné à
réunir des individus ayant une sensibilité identique.
JPP :
Une tourte dernière question : Quel est le lien entre le Prieuré de Sion
discret que nous venons d'évoquer ensemble et l'association créée à
Annemasse en 1956 ?
GS : L'association
créée à Annemasse répondait en son temps, en ce lieu, à un but précis.
C'était aussi, si vous préférez, une sorte de cercle extérieur. Une fonction
similaire était dévolue à l'Ordre de l'Alpha-Galates créé en 1934 à Paris.
Nous pourrions aussi évoquer d'autres créations...
Merci de vos réponses
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